Intelligence artificielle et élections présidentielles en Afrique

Intelligence artificielle et élections présidentielles en Afrique

Par Cap-Afriques / CEIM / GRAAL
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La table ronde examine les différentes formes d’utilisation de l'IA en contexte electoral.

S’il y a un concept qui fascine autant qu’il suscite de frayeurs ces dernières années, c’est

bien celui de l’Intelligence Artificielle (IA). Œuvre dont les prémices apparaissent en 1943, à la faveur de la création du premier réseau de neurones par Warren McCulloch et Walter Pitts, puis systématisée en 1950 par Alain Turing, c’est en 1956 que l’expression « intelligence artificielle » a été utilisée pour la première fois lors de la Conférence de Darmouth. Pourtant, ce n’est qu’avec l’avènement des Grands Modèles de Langages, et plus particulièrement en 2022, avec le lancement du Chatbot ChatGPT, que la ferveur de l’IA gagne la planète. Elle devient un outil de service indispensable, « le produit technologique le plus vite adopté de l’histoire avec plus d’un million d’utilisateurs en une semaine ».

L’IA, ainsi que le laisse suggérer son nom, est « la possibilité pour une machine de reproduire des comportements humains tels que la perception, l’analyse, la planification et la créativité ». Ce sont des systèmes capables de réaliser des tâches plus ou moins complexes en se basant sur la capacité d’apprentissage des machines à partir de données et sur la capacité de celles-ci à prendre des décisions autonomes. Aujourd’hui, l’IA et notamment l’IA générative, a investi tous les secteurs d’activités. Cette dernière a la particularité de générer du texte, des images ou de modifier d’autres images ou médias à la demande de l’utilisateur, d’apprendre les modèles, la structure des données et de générer un contenu similaire. C’est ce qui en fait un outil intéressant dans un domaine aussi délicat que celui de la politique.

Les technologies influent depuis toujours sur ce secteur, particulièrement en ce qui concerne les échéances électorales. Grâce à internet par exemple, les électeurs peuvent se mobiliser plus efficacement et disposent de plateformes diverses (réseaux sociaux, sites internet etc.) pour défendre des idées et causes précises. A contrario, les technologies peuvent influer négativement en façonnant les résultats et en biaisant le débat public. Cependant, avec l’essor de l’IA, l’on assiste à de nouvelles menaces plus importantes notamment « la multiplication des vidéos hyper truquées, la hausse des risques liés à la cybersécurité, l’émergence d’agents manipulateurs persuasifs ou, encore, la prolifération des données synthétiques et des faux comptes ».

Certes, l’IA peut être un outil déterminant dans la bonne tenue du jeu démocratique, car elle permet aux partis politiques de communiquer efficacement avec l’électorat, influencer l’opinion publique et gérer le flux d’informations à transmettre. Elle peut même aller plus loin en exploitant les tendances électorales pour remodeler les processus démocratiques et prédire ainsi les résultats électoraux. Mais, l’IA revêt également un côté pervers que l’on ne peut ignorer. Mal utilisée, elle peut exacerber des tensions politiques déjà latentes, truquer le jeu électoral en produisant de faux résultats, ce qui entrainerait irrémédiablement une perte de confiance des électeurs envers le jeu démocratique.

Au vu des échéances électorales, présidentielles pour la plupart, qui ont rythmé l’actualité récente en Afrique, il nous paraît opportun, et même bien avisé, de questionner le rôle que joue l’IA au cours de ces échéances. Trois pays seront pris comme échantillon pour cette analyse. Il s’agit du Cameroun, de la Côte d’ivoire et de la Tanzanie. Le choix de ces pays se justifie par diverses pesanteurs. D’une part, par leur position géographique qui permet d’avoir une certaine vue d’ensemble du continent africain : Afrique centrale pour le Cameroun, Afrique de l’Ouest pour la Côte d’ivoire et Afrique de l’est pour la Tanzanie. D’autre part, la récence des élections présidentielles qui se sont tenues dans ces pays en font des candidats tout désignés. D’ailleurs, l’IA a joué à chaque fois un rôle déterminant dans ces processus électoraux. Au Cameroun par exemple, selon la chaine France 24, dans une publication en ligne, plusieurs partis politiques ont généré de fausses images montrant leur candidat prenant des bains de foule avec des militants factices. Ceci dans le but de tenter d’influencer l’élection présidentielle.

Il s’agit donc, au cours de cette analyse, de réfléchir sur l’impact aussi bien positif que négatif que peut avoir l’IA sur les élections présidentielles en Afrique. Il faudra s’appesantir sur la capacité de cet outil à renforcer la transparence des processus électoraux, tout en tenant compte des réalités politiques, technologiques et sociales propres au Cameroun, à la Côte d’Ivoire et à la Tanzanie. Mais aussi, marquer un temps d’arrêt sur les travers d’un outil dont l’utilisation détournée peut être lourde de conséquences.

L’enjeu d’une telle analyse, s’il faut encore le rappeler, est d’une importance capitale. Dans un contexte politique marqué par des démocraties inachevées et où les conflits sont partout présents, il est nécessaire, voire impérieux, que règne une certaine stabilité politique au sein de ces États africains déjà affaiblis par plusieurs années d’histoire coloniale. Il serait dommageable, en s’ouvrant au monde et aux nouvelles technologies, que l’Afrique ne fragilise davantage ses remparts. L’IA devrait donc être un gage de sérénité dans l’exercice de la démocratie. Elle devrait pouvoir contribuer à réduire les contestations post-électorales, équilibrer le jeu politique en réduisant les disparités de représentativité entre parti au pouvoir et parti (s) d’opposition, mettre l’information mais surtout la bonne information à la disposition de l’électorat et non l’inverse.


Objectifs de la table ronde

- Étudier comment l’IA est utilisée pour mobiliser les électeurs, influencer l’opinion

publique et gérer l’information.

- Réfléchir à des mécanismes juridiques, technologiques et éthiques pour encadrer

l’usage de l’IA dans les élections présidentielles en Afrique.

- Favoriser un dialogue interdisciplinaire autour de l’IA et des élections


Axes possibles de discussion

- Comment l’IA peut renforcer la crédibilité des scrutins (analyse des données

électorales, lutte contre la fraude, diffusion d’informations fiables), au Cameroun, en

Côte d’Ivoire et Tanzanie.

- IA et confiance citoyenne dans le processus électoral (comment éviter que les

deepfakes et la désinformation ne sapent la confiance des électeurs).

- Réflexion sur les cadres juridiques et institutionnels nécessaires pour encadrer l’usage

de l’IA, protéger les électeurs et garantir un jeu démocratique équitable.

- Analyse des menaces liées aux cyberattaques, aux manipulations de données

électorales et aux faux comptes automatisés.

- Etc

Catégorie : Science & Tech, Other

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déc. 22 · 10:00 PST